Alors, imaginons… Automne 2024

Le billet de Maurice

De nombreux Audacieux, parmi les nombreux nouveaux et parmi les plus anciens n’ont jamais lu de près, faute de temps, charte et projet, n’ont qu’une vague idée de ce que sera LA MAISON DE LA DIVERSITÉ.
Alors, Imaginons… Automne 2024

« Tout ce projet avait démarré il y a sept ans, idée germée dans la tête d’un basque à la fleur de l’âge, qui avait su peu à peu s’entourer d’un groupe d’hommes et de femmes gays, lesbiennes ou Hétéros ou autres Majuscules (car nous ne sommes pas sectaires) pour finaliser cette idée d’un immeuble ou se retrouveraient à cohabiter une trentaine de « ces » gens, dans un beau bâtiment conçu pour leur « mieux-vieillir ».
Planté dans un quartier agréable d’une grande ville de province pour des raisons financières (Paris étant inaccessible), l’immeuble était neuf, et ses petits balcons plus ou moins fleuris.

Arrivé hier, Monsieur Jean est en train de faire le tour de la Maison. Il a quitté son appartement d’une autre ville assez lointaine, comme la plupart des résidents. Il y a laissé peu de choses, quelques rares amis encore en vie, des commerçants sympathiques, des habitudes surtout et tous ces petits rien qui font votre cadre de vie.

Il a apprécié l’animation du hall d’entrée, avec la salle où officie le Médiateur-Concierge-Intendant, cette Oreille Attentive qui n’a pas une minute de répit. Dans ce hall se croisent résidents et gens du quartier car il y a une boite aux lettres, un panneau affichant les activités communes proposées, celles de l’extérieur, une mini-boutique tenue par les résidents pour des imprévus.

Monsieur Jean, qui marche encore sans trop de soucis, apprécie la largeur de l’ascenseur, des couloirs, des coins lectures en bout de couloir, avec trois fauteuils et un présentoir à journaux. Et une plante grasse soignée alternativement par les résidents qui se sont signalés « Main-Verte » sur leur questionnaire d’admission.
Le résident qui l’a accueilli lui a déjà montré la vaste salle polyvalente et modulable où se tiennent les réunions « plénières » de la Maison, les réunions avec le quartier, et où se tiennent, la porte coulissante fermée, divers ateliers.

Il s’est étonné – avant explications – de la salle étrange où plusieurs réchauds sont alignés, une longue table en face et trois grands éviers !

Une cuisine « légale » aurait entrainé des contraintes sans fin : là elle est communautaire : un planning organise les repas pris ni en studio ni en grand groupe. Si un résident reçoit. Si cinq ou six résidents veulent se faire un petit repas ensemble. Cette cuisine « communautaire » n’a pas les mêmes règles ! ceux qui l’utilisent gèrent repas, nettoyage… S’affranchissant des normes NF, UE et made in Taiwan.

Monsieur Jean est monté au dernier étage où cinq chambres sont louées à des étudiants : toutes les villes qui en accueillent ont des problèmes de logements : là, cinq jeunes disposent d’un studio bien équipé, plus modeste que ceux des permanents, mais pour un loyer très symbolique de quelques euros, en échange d’heures d’Aides diverses et « relationnelles, sociales » apportée aux séniors des étages en dessous : promenade, bavardage, discussion devant les infos, échanges culturels…
Du vrai inter-générations (plus que les enfants de maternelles – utiles aussi – venant faire des bisous aux dames d’EHPAD)

Monsieur Jean ayant fait un tour, non du propriétaire mais du multi-locataire, regagne son studio pour souffler un peu.
Il reste des coins à voir, mais ce sera pour demain. Il regarde autour de lui : certes, ce ne sont pas ses trois pièces d’il y a encore quelques jours. Certes il a laissé, après des choix douloureux, une partie de son vécu matériel de toutes les années passés.

Mais il est dans « ses meubles ». La pièce est assez vaste pour son lit, son beau bureau Empire et la chaise, un fauteuil confortable, sa bibliothèque (la plus petite).
Un grand placard encastré, dans l’entrée, accueille ses vêtements et divers, un coin salle à manger pour tous les jours où il préfère être seul à cette heure, et la cuisine est petite mais très rationnelle.

Grande fenêtre – il y a des chambres à balcon mais pas toutes – assurant un bon éclairage. Belle salle d’eau avec douche adaptée. Rampes discrètes là où il faut. Prises de courant à bonne hauteur. Prise multiple pour TV et ordinateur .
Monsieur Jean regarde tout cela d’un air satisfait : il n’a plus que ces quatre murs, mais il a à disposition tout ce qu’on vient de lui montrer en bas, dans les parties communes.

Il sait aussi ce que la Maison lui demandera :
Participation.
Offre d’aide aux autres selon ses compétences particulières.
Il est dans une structure Solidaire et Communautaire. Bienveillante. Il y a cinq ans, il n’y pensait pas : ce jour, il est tout heureux de découvrir que d’autres ont pensé à lui, avant de le connaitre !

Il sait surtout qu’il pourra, malgré son tempérament un peu timide, se faire rapidement des amis parmi la trentaine de personnes résidant ici.

Et, cela n’a pas de prix : c’est un Bonus hors loyer !!!

 

 

Texte de Maurice Lecuit.
Texte de novembre 2018 remanié

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